Il est fréquent que des personnes se demandent : pourquoi un agent immobilier
devrait-il gagner plus, avec la même charge de travail, si le bien vaut plus ? À travers le monde, beaucoup se
posent cette question. Acquéreurs et vendeurs sont parfois lassés des méthodes archaïques des agences
immobilières traditionnelles. Dans ce contexte, des agences digitales, à prix fixe ou à un taux variable très
bas, ont vu le jour partout dans le monde. Pour quelles raisons ? Et comment réussissent-elles à fonctionner ?
Homki fait un tour d’horizon de cette révolution de l'immobilier.
Le modèle de l’agence immobilière nouvelle génération, à prix fixe ou commission variable très basse, affirme sa réputation dans un grand nombre de pays. Quelle que soit la valeur du bien, le service attendu doit être le meilleur qu’il soit, car il accompagne le projet le plus important d’une vie. Les États-Unis, par exemple, ont eu une longueur d’avance grâce à leurs innovations digitales. En Australie également car, dès 2008, l’agence australienne Lowest Commission Real Estate avait compris l’enjeu en proposant une commission fixe de 7 900 $, peu importe le prix du bien. Au Japon, on parle même de « l’ère du montant fixe ». Des entreprises, telles que Yetsugu ou Master C, proposent des commissions fixes à moins de 2 400 € depuis plusieurs années déjà. Sachant que leur prix au m² en ville est de 7 278 €, en moyenne.
En Europe, d’autres pays ont compris le concept et ont vu se développer ce mode de fonctionnement, popularisé grâce aux Anglais, connus pour en être les précurseurs européens. Son leader Purplebricks représente aujourd’hui 1 vente sur 20 à travers tout le pays… En Espagne, en Italie, aux Pays-Bas, au Portugal ou en Suisse; tous ces pays européens ont vu naître ce type d’agence immobilière digitale à bas prix. En France, une dizaine d’agences nouvelle génération ont été créées. Serait-ce une conséquence due au ras-le-bol des Français qui paient, depuis des années, les frais d’agence les plus élevés d'Europe ? D’après une étude OpinionWay pour Meilleurs Agents, publiée en novembre 2019, 88% des particuliers français souhaitent que les agents immobiliers baissent leurs frais d’agence.
L’avènement de la proptech, contraction de property (propriété) et technology, a accompagné la création de ces agences immobilières en ligne. Ce sont des start-ups nées dans le but de réinventer les services de l’immobilier grâce aux avancées technologiques, que ce soit pour les transactions, les constructions, la gestion des actifs. Ces évolutions ont ainsi fait évoluer le secteur de l’immobilier à travers le monde. Il y a un an, des experts immobiliers australiens se demandaient si le marché immobilier résidentiel du pays, de 6 milliards de dollars, était sur le point d'être perturbé par le fonctionnement de l’agence digitale, voire même la commission à prix fixe. Preuve que le modèle marche tellement qu’il commence à inquiéter sérieusement les agences traditionnelles. À l’autre bout du monde, on parle ainsi « d’uberisation de l'immobilier », bien que le marché ait déjà été complètement bouleversé par l’émergence des plateformes d’annonces immobilières en ligne, il y a dix ans de cela, ici et ailleurs...
En Espagne, l'agence Housell, avec une commission fixe de 890€, a levé 12 millions d'euros d'investissement, il y a un an et demi. Plus de 2 000 biens ont déjà été vendus depuis sa création, en 2017, selon les données de l'entreprise. Présents dans 50 villes espagnoles, ils emploient plus de 130 personnes. En Suisse, la valeur des biens immobiliers a doublé en vingt ans et les commissions des agents s’élèvent entre 3 et 5% de la transaction réalisée. Elles ont donc suivi cette pente inflationniste, sans que la valeur de leur travail ne soit plus importante. C’est dans ce contexte que les agences à prix fixe se sont imposées, revendiquant le discours “ la qualité prime quel que soit le prix du bien”.
Au Japon, l’agence Yetsugu demande à ses lecteurs en première page de son site : « Ne pensez-vous pas que les commissions : prix de l'immobilier x 3% + 60 000 yens, sont trop élevées ? » Ces entreprises, partout dans le monde, répondent ainsi à un constat général : les frais d’agence sont souvent trop importants. Toutefois, beaucoup de clients se demandent comment est-il possible de vendre un bien avec une commission si basse ?
Sur les différents sites d’agence à prix fixe de plusieurs pays, les arguments sont les mêmes : en raison de toutes les avancées technologiques, il est plus facile et plus rapide d'obtenir des mandats de vente sur le marché et de diminuer les délais de transaction. La plupart du temps, les commissions d’agence financent les dépenses commerciales liées à la recherche de nouveaux clients, telles que les frais de marketing et de publicité. Avec l'augmentation du nombre de clients, les agents peuvent alors compenser la commission réduite.
Le local commercial constitue également des frais mensuels qui pèsent sur les finances de l'agence. Si cet espace commercial avant l'ère Internet semblait essentiel, aujourd'hui, il est de moins en moins utile car la grande majorité des acquéreurs trouvent leur bien en ligne. Lorsque vous payez une commission de 5%, vous supportez en fait le fardeau de ces coûts fixes obsolètes. En outre, la commission rémunère surtout le temps et l’énergie de l’agent. Si un agent réduit sa commission, il peut généralement attirer plus de clients que ses concurrents.
Ces professionnels de l'immobilier, quelle que soit leur nationalité, affirment que le modèle digital facilite leur travail et leur objectif de réussite. En tant que professionnel, leur rôle est de vendre une propriété sans nécessairement avoir besoin d'une commission incitative selon la valeur vénale du bien. L'accompagnement d’un projet de vie doit être le même, quel que soit le prix de vente du logement. Ces conseillers immobiliers sont particulièrement aidés par des outils digitaux qui leur font gagner beaucoup de temps, notamment dans les tâches administratives et la logistique.
Pour certains, il est parfois difficile d’afficher une rémunération stable quand la réalité des situations est très disparate. Lorsqu'un agent immobilier n’enregistre aucune vente durant le mois, il ne perçoit aucune rémunération. Or, dans les agences digitales à basse commission, le nombre de clients est résolument plus important, ainsi, les agents ont moins de pression dans la prospection. Car la pige immobilière représente entre 35% et 50% de leur temps en agence traditionnelle ! Elle est réduite à 0% dans les agences nouvelle génération...
Appeler des propriétaires qui ont mis des biens immobiliers en vente sur des sites comme LeBonCoin ou PAP et qui mentionnent ne pas vouloir être démarchés par les agences est dépassé ! Cette pratique est également peu appréciée des agents eux-mêmes. Par ailleurs, certaines de ces méthodes ne respectent pas les nouvelles pratiques et réglementations RGPD en vigueur, notamment sur le démarchage.
Ces pays du monde, en plus de supporter l’importante commission des agences
immobilières lors d’une transaction, partagent les revers de la pandémie de Covid-19. En effet, cela a
relativement bouleversé le marché immobilier aux quatre coins de la terre. En temps de crise, les agences digitales
ont ainsi révolutionné les méthodes traditionnelles en devenant des modèles essentiels à la continuité des ventes
immobilières. Grâce au marketing digital, aux visites virtuelles, à la transmission d’informations à distance et
aux contrats digitaux. Ces outils ont permis la continuité de l’acquisition de nouveaux clients, même en temps
de confinement. Tout en facilitant l’expérience client, objectif ultime de ces agences nouvelle génération.
C’est en ce sens que le numérique semble sortir vainqueur de cette crise sanitaire internationale…